Depuis la rentrée nous avons commencé un partenariat avec RCF Lyon, un média de proximité avec lequel nous partageons des valeurs humaines de solidarité et de partage et l’attachement du territoire Lyonnais. Tous les mois nous proposons une chronique positive et inspirante pour parler de celles et ceux qui prennent l’initiative pour réussir les transitions.
Bonjour Frédéric DUVAL, vous êtes le directeur de la publication de Lyon positif, le média lyonnais des récits locaux à impact positif ! Dans cette chronique positive et inspirante mensuelle, vous nous partagez de belles histoires, et des projets qui à Lyon contribuent à infléchir notre quotidien et à changer de regard sur les choses de la vie.
Bonjour Anaïs, bonjour à toutes et tous. Oui, c’est vrai que les difficultés sont nombreuses et les situations du monde bien délicates. Chacun peut légitimement se sentir démuni face à l’ampleur de la tâche ou perdu devant la multitude des causes à embrasser.
Pourtant, il n’y a pas besoin d’aller très loin pour trouver des raisons et des moyens de s’engager ou des situations à changer. Parmi les fléaux du monde contemporain, figures en bonne place l’isolement, cette « ultra moderne solitude » dont nous parlait Alain Souchon ou qu’évoquait déjà Alfred de Musset :
Qui vient ? Qui m’appelle ? Personne
Je suis seul, c’est l’heure qui sonne.
Oh solitude ! Oh pauvreté » »
La solitude est un fléau qui touche en France plus de 11 millions de personnes. Ce n’est pas moi qui le dis, mais le rapport de la Fondation de France intitulé « Solitudes », dont c’est la 12e édition, réalisé conjointement avec le Credoc. Une grande partie des témoignages et des entretiens menés auprès de professionnels du secteur ou des personnes exposées à la solitude l’ont été en région lyonnaise.
Cette étude nous montre clairement plusieurs choses :
– 20 % de la population de plus de 15 ans se trouve en situation d’isolement, un chiffre stable après un pic post confinement en 2021.
– 20 %, c’est aussi le nombre de jeunes qui se sentent vraiment seuls.
– L’isolement relationnel touche davantage les personnes précaires et les chômeurs, souvent ostracisés et qui sont concernés 2 fois plus que le reste de la population.
– L’isolement est une source de souffrance pour 80 % des personnes qui se déclarent seules ou peu entourées.
Pour lutter concrètement et sensibiliser les populations, mais aussi mobiliser et informer, il a été créé une journée mondiale de lutte contre les solitudes le 23 janvier que vous avez choisie comme fil rouge de votre chronique.
Ce type de journée n’est évidemment pas en soi la solution et ne résout pas tout mais elle permet la mobilisation à l’instant T et c’est un bon prétexte pour parler du sujet, la preuve on le fait aujourd’hui. Il s’agit donc de la 7ème édition de cette journée mondiale à l’initiative de l’association ASTREE qui est reconnue d’utilité publique et qui agit depuis plus de 35 ans pour restaurer le lien social et rompre les solitudes à tous les âges, en mettant en lien des bénévoles formés à l’écoute avec des personnes en situation de fragilité. Le nom lui-même est une promesse. C’est dans la mythologie Grecque la fille de Zeus et de Thémis, déesse de la bienfaisance qui répandait parmi les hommes les sentiments de justice et de vertu.
À travers le prisme de cette journée, vous avez donc souhaité, non pas nous parler d’une initiative ou d’une personne en particulier, mais de nous faire part de diverses initiatives et possibilités qui sont offertes pendant cette période dans un écosystème Lyonnais particulièrement engagé et solidaire.
Oui, les occasions et les lieux ne manquent pas pour ceux qui sont isolés comme pour ceux qui veulent s’engager. Je pense par exemple aux petites cantines. L’association a ouvert une nouvelle cantine solidaire à Villeurbanne et met en place des ateliers hebdomadaires pour lutter contre l’isolement social, la précarité relationnelle et nutritionnelle au travers de la préparation puis du partage de repas. À Lyon, il y en a 4, une à Oullins et une à Villeurbanne donc. Dans le même esprit, il y a une belle structure qui s’appelle chez Daddy, crée par Philippe ALBANEL. Un café qui est plus qu’un café, mais souvent une famille, pensé comme un espace convivial et chaleureux, pour favoriser la rencontre entre générations et créer un réseau d’entraide entre voisins.
Unis Cités, à travers le projet « Solidarités Aidants », sensibilise, forme et accompagne des jeunes volontaires en Service Civique afin qu’ils puissent rendre visite au domicile de personnes âgées atteintes par la maladie ou le handicap. L’association Entourage qui a une antenne à Lyon, a elle fait le choix des technologies en créant une application du même nom ou encore en créant LinkedOut, le réseau pro de ceux qui n’en ont pas, dédié à l’insertion professionnelle des plus démunis.
Dans le 6e arrondissement, enfin, il y a cette association crée par une maman de 4 enfants Claire Batt, Panach âges. En partant de sa propre expérience, cette association était au départ un lieu d’accueil pour rompre la solitude de jeunes mères isolées et accompagner la parentalité. Progressivement, la démarche s’est élargie à la mixité sociale, générationnelle ou culturelle.
D’autres engagements souvent plus délicats sont possibles enfin dans des lieux qui par essence génèrent l’isolement, comme le milieu carcéral.
Oui et c’est un sujet plus tabou, souvent plus difficile à aborder, mais pourtant un véritable enjeu de société et de dignité humaine. Enfermés toute l’année, ayant des contacts limités avec l’extérieur, bénéficiant rarement d’activités, les détenus incarcérés sont touchés de plein fouet par la solitude. Une solitude rendue encore plus difficile par leurs conditions de vie du fait de la surpopulation carcérale : en effet, le taux d’occupation des établissements pénitentiaires est de 116 % et de 138 % en maison d’arrêt ou quartier maison d’arrêt (au 1er janvier 2020, selon des chiffres de l’Administration Pénitentiaire), ce qui contraint deux à trois personnes, parfois plus, à partager des cellules de 9 m2 et plus de 1600 personnes à dormir chaque nuit sur des matelas posés au sol.
Depuis 2012, les Petits Frères des Pauvres interviennent pour des visites en prison notamment auprès des personnes détenues âgées et isolées dans toute la France afin de recréer du lien social et de rompre leur solitude. En moyenne, on dénombre 10 % des détenus ont plus de 50 ans et moins de 4 % ont plus de 60 ans.
Grâce à ces visites en prison, les bénévoles apportent aux détenus âgés présence et écoute inconditionnelles, avec humilité et sans jugement, manifestant ainsi le non-abandon et la solidarité envers ceux qui vivent une double peine. Depuis 2020, les détenus des centres pénitentiaires ont accès à Solitude Écoute qui est la seule ligne d’écoute gratuite dédiée aux personnes âgées en France au 0800 47 47 88.