Quel est le point commun entre les Nuits de Fourvière, le Tour de France ou les établissements Ninkasi ? Ils proposent tous à leur client des kits de couverts produits par la société Lyonnaise Reus’Eat. En utilisant des matériaux naturels (la drêche de Bière, c’est-à-dire le résidu d’orge issu du processus de fabrication de la bière) et grâce à de nombreuses innovations technologiques, Reus’eat permet, depuis 2021, d’offrir une alternative durable aux produits jetables dans le secteur de l’événementiel et de la restauration hors foyer. En proposant ces couverts de demain, qui changent réellement l’expérience consommateur de la dégustation, la jeune start-up lyonnaise qui élabore et fabrique à 100 % en Région Auvergne-Rhône-Alpes, souhaite ainsi contribuer à la transition vers un monde sans déchets. Marie, la fondatrice de la société, fait partie de nos intervenants engagés qui interviendront lors d’un hors-série de notre podcast “Demain.”, enregistré lors de la prochaine édition de notre événement Positiv In Lyon. Elle témoignera sur la troisième des thématiques de la soirée : “ solutions”.
La pollution plastique au centre des enjeux environnementaux
Aujourd’hui le principal danger qui menace nos océans autant que notre santé à un nom : le plastique. Ce matériau bien pratique a envahi notre vie quotidienne, depuis son apparition sous une forme moderne en 1862 (la Parkesine) jusqu’à aujourd’hui où sa consommation ne cesse d’augmenter (460 millions de tonnes métriques en 2021). On sait pourtant que ce polymère n’a que des inconvénients : il nécessite beaucoup de pétrole pour sa fabrication (2 tonnes de pétrole brut pour 1 kg de PET), il est très difficile à recycler et très polluants pour nos océans notamment et les micros plastiques exposent notre corps à des substances potentiellement cancérigènes. Dans le domaine de l’alimentation hors foyer, les chiffres clés sont impressionnants : plus de 1000 milliards de couverts jetables sont utilisés chaque année en Europe, pendant 20 minutes seulement en moyenne et 15 % à peine sont recyclés !
La principale difficulté est donc d’apprendre à se passer de ce matériau qui est le 3ème plus fabriqué dans le monde (après le ciment et l’acier), qui demeure peu cher à fabriquer pour les industriels tout en apportant de nombreuses solutions d’usage. Après avoir représenté une sorte de promesse démocratique en rendant accessible des produits réservés pendant longtemps à des élites, puis en se rendant indispensable par ce qu’il apportait comme confort de vie, tout en signant tous les moments de vie de notre époque.
Des innovations technologiques au service d’une cause commune
Fondée en 2021, par Marie NAGY et Armand, Reus’eat, entreprise innovante dédiée à la fabrication de vaisselle réutilisable et compostable, est d’abord et comme souvent une histoire de rencontre autour d’un constat simple. Celle de deux étudiants qui à la cantine de l’EM, et alors que la loi Egalim de 2019 vient juste d’être promulguée, ne comprennent pas qu’on leur distribue encore des couverts en plastique. Cette loi qui prône par ailleurs “une alimentation saine, durable et accessible à tous”, interdit depuis le 1e janvier 2020. Après une rapide enquête auprès de leurs camarades de promotion comme auprès des professionnels de la restauration, ils découvrent d’une part que les alternatives sont complexes à fabriquer et que ce qui est proposé alors (les couverts en bois) n’est pas ou peu apprécié en termes d’expérience de dégustation.
Commence alors un parcours du combattant et une plongée dans les arcanes de l’agro-industrie et de la restauration. Deux années complètes de Recherche et Développement seront nécessaires pour arriver à un résultat satisfaisant pour les usagers comme pour la planète avec un kit.
Aujourd’hui, et de manière assez fulgurante, preuve s’il en est de la pertinence du concept et de la qualité des produits proposés, c’est plus de 50 000 couverts vendus en 2023 à plus de 50 clients fidèles ce qui représente 1,5 tonne de drèche revalorisée…
Une production locale et circulaire
Les kits de couverts proposés par Reus’eat sont élaborés à partir de drèche de bière, ce co-produit céréalier qui pourrait s’apparenter à du marc de café ou la pulpe d’agrume et qui est considérée comme un déchet par les brasseurs, car ils ont l’obligation de le recycler (production moyenne de 22,5 tonnes par brasserie). Longtemps utilisés pour nourrir les animaux, car très riche en protéines, fibres et minéraux, elle était séchée par les brasseurs avant d’être distribuée aux élevages voisins. Mais cette possibilité n’était pas accessible aux brasseurs urbains qui devaient alors l’incinérer ou l’enfouir, ce qui n’était pas sans conséquences pour l’environnement notamment en termes de production de méthane, puissant gaz à effet de serre.
L’entreprise a fait le choix d’une réutilisation différente de celles habituelles (farine, biscuits, matériaux pour meubles…) en utilisant cette drèche, ramassée dans une microbrasserie lyonnaise Caribrew avant de les fabriquer à Thiers, capitale historique française de la coutellerie.
Tout cela leur permet d’élaborer des couverts 100 % d’origine naturelle ; sans trace de plastique petrosourcé ou de PLA, compostables en 6 mois et réutilisables en lavage à la main.
Pour tout comprendre de cette belle et utile innovation du fonctionnement opérationnel et concret de la plate-forme, sur cette solution à la fois rapide, puissante et collaborative, pour entendre les témoignages d’utilisateurs, mais aussi découvrir nos autres experts et intervenants sur d’autres thématiques innovantes, nous vous donnons rendez-vous le jeudi 4 juillet 2024 dès 18 h 30 chez H7 : https://www.helloasso.com/associations/lyon-positif/evenements/positiv-in-lyon-03
“Pour 1000 litres de bière, c’est 300 kg de drêche de bière généré. Donc on s’est rendu compte que partir de cette ressource, ça enlève une épine du pied aux brasseries, que ce soit économiquement, écologiquement et logistiquement.”
Marie NAGY, Cofondatrice de REUS’EAT