Mardi 06 juin, l’association Weavers a organisé la soirée “Diversité et Inclusion” à l’hôtel de ville de Lyon. Partenaire de cet événement, Lyon Positif revient sur ces moments de partage où le micro est donné aux recruteurs et recrutés pour améliorer l’intégration des personnes réfugiées.
Selon l’étude réalisée en 2019 par l’INSEE, en France, parmi les réfugiés diplômés du supérieur, 73 % se sentent surqualifiés par rapport à l’emploi occupé. La cause ? Un déclassement professionnel dû à l’urgence d’obtenir une situation financière stable qui ne permet pas de rechercher un emploi qualifié. Des circonstances qui alimentent les préjugés et pousse l’association Weavers à agir pour être à l’écoute des personnes réfugiées et les former à un métier qui leur correspond.
#Soirée Diversité et Inclusion : les apprenants
Ce soir là, le temps n’est plus aux présentations mais aux réflexions. L’objet de cette soirée est d’approfondir les problématiques d’insertion des personnes réfugiées par l’exemple des recruteurs et/ou recrutés. Awa Mauricienne Moreau, originaire de Centreafrique, maman de trois enfants est arrivée à l’âge de 24 ans en France. Contrainte de cesser son activité d’assistante maternelle à la suite d’une maladie qu’elle combat durant 3 ans, elle se rapproche d’associations pour retrouver un chemin professionnel. Weavers lui propose une formation de 9 mois “Des étoiles et des femmes” réservée aux femmes, en partenariat avec La Cité Internationale de la Gastronomie. Un défi qu’elle relève avec brio puisqu’elle obtient son CAP cuisine et se fait contacter deux mois plus tard par un chef gastronomique du restaurant Le Phoenix Hotel pour signer un CDI. Pour Awa, donner un espace d’expression à ses personnes en les accompagnant leur permet de réaliser de vrais projets, comme le sien qui est d’ouvrir une table d’hôte.
#Soirée Diversité et Inclusion : les recruteurs
Depuis 2022, le Ninkasi engage ses restaurants avec Weavers à travers le programme “Tisseur d’avenir”. Une formation de 9 mois destinée aux jeunes exilés de Lyon âgés de 18 à 29 ans. “Une intégration évidente qui a demandé de l’adaptation” selon la directrice des opérations du Ninkasi, Sandrine Sicard. Le Ninkasi met par exemple des fiches techniques sur les murs des restaurants pour faciliter la compréhension des recettes. Mix-R a également pu partager son histoire. Ce réseau qui mutualise les expériences de ses entreprises partenaires organise par exemple des rencontres.
Des réunions pour comprendre les moyens mis en place par celles et ceux qui ont intégré des personnes exilés et répondre aux questions d’autres qui n’ont pas encore passé le pas. Mix-R a par exemple créé un programme qui permet de partager les facteurs clés de succès de recrutement inclusifs, de cartographier les acteurs de l’inclusion du territoire et expérimenter les solutions portées. L’idée est de questionner les politiques d’inclusion.
#Soirée Diversité et Inclusion : se questionner
Dès la première table ronde, l’animateur et chef de projet, Alexis Lemaire-Patin, rappelle que les périodes d’essai sont souvent responsables de rupture de contrat dû à des problèmes relationnels. Il évoque l’importance de ne pas seulement assigner des tâches, mais de véritablement rencontrer la personne, comprendre son vécu, connaitre ses motivations pour définir avec elle ses missions. Des tables rondes qui permettent à l’aide de différentes cartes/métiers, de repérer quelles sont les compétences comportementales ( à la croisée entre les aptitudes et les traits de personnalités) à acquérir. Mais également d’élaborer une charte d’emploi inclusive pour assurer un engagement structuré et pérenne.
” Ce qui est important, c’est de prendre le temps de connaitre la personne, son histoire, son parcours pour mieux comprendre son comportements et ses lacunes, ça fait partie de l’intégration.”
Awa Mauricienne Moreau, ancienne apprenante chez Weavers.
Même si ce dispositif ne s’adapte pas à toutes les structures, Weavers propose une autre manière de recruter. Une alternative pour répondre au manque de main-d’oeuvre de certains secteurs comme l’hôtellerie, la restauration ou l’industrie et proposer des formations inenvisageables pour certaines personnes réfugiées.