L’interview : au cœur de la rencontre

L’interview, notamment politique est souvent mise en avant comme le “Graal du journaliste”. Un art délicat et subtil en tout cas qui mêle les genres et les postures, dans une danse des mots qui évolue en fonction de l’objectif poursuivi et de l’intention posée. Il est en tout cas, dans sa dimension aléatoire et mystérieuse, l’essence même et le point de départ d’une démarche de questionnement et d’accouchement de l’information telle que je la conçois. Depuis ses débuts, Lyon Positif a toujours eu à cœur d’aller à l’essentiel, de montrer ou dévoiler au monde qu’il y a bien quelque chose d’autre qui nous confronte et nous fait avancer et changer. C’est ce qui se passe dans la rencontre : la découverte de l’altérité, de cette différence qui nous émeut (au sens originel de “nous mettre en mouvement”), qui nous bouscule et permet la prise de conscience. C’est la discussion et l’échange qui sont bien au centre de l’engagement par ce que cela fait naître le souffle de l’inspiration. Un meilleur récit de soi naît aussi d’une meilleure attention, d’une réelle compréhension du récit de l’autre. Nous avons dès le départ pris beaucoup de soin dans ces moments particuliers pour les restituer dans les meilleures conditions, pour proposer des interviews de qualité, permettant aux acteurs locaux quels qu’ils soient, d’être mis au même plan et de pouvoir s’exprimer librement sur leurs sujets, en prenant vraiment le temps de l’échange et de la conversation. Ainsi, l’interview, loin d’être un simple exercice de “questions-réponses”, devient un véritable moment de partage et de dialogue, où les idées prennent vie au plus près du terrain. Cette évolution permet de répondre à un besoin croissant d’authenticité et de connexion, tout en offrant un cadre journalistique plus souple, capable de s’adapter aux réalités de l’instant.

Clairement, au fil des années, la manière d’aborder ces entretiens a significativement évolué, un peu sur le fond, beaucoup sur la forme, dans l’aisance aussi, comme dans l’écoute. Des formats, des expérimentations, des innovations jalonnent cette recherche pendant ces 4 années. Mais toujours avec un objectif : mieux travailler l’écrin, le cadre qui permet à notre interlocuteur de se poser en confiance et au lecteur de se laisser surprendre, de prendre lui aussi le temps de rencontrer. Un peu, je crois finalement ce qui a fait la marque de fabrique du média.

Un format de démarrage bien traditionnel

Au commencement, le média proposait un format classique d’interview, intitulé sobrement “L’invité”. Ce face-à-face en studio, au cadre formel et maîtrisé, visait à offrir des échanges clairs et structurés avec des acteurs politiques et institutionnels locaux. Ce modèle avait l’avantage de permettre des discussions directes, dans un contexte qui favorisait une approche rigoureuse et souvent instructive des sujets abordés.

Il y a avait là plus de formalisme, un peu comme un exercice convenu, sur un terrain balisé par le choix de nos invités. Des personnes de notre entourage, avec qui les liens existaient, facilitant l’entrée en relation et permettant de dégager de la confiance et du confort pour un moment jamais facile pour eux face à un micro ou une caméra.

Sur ce format un peu “historique” j’ai le souvenir d’un des premiers avec le responsable régional de Télémaque, à l’époque Timothée Petitprez. Une magnifique idée que le mentorat et une association que je continue d’accompagner régulièrement dans ses événements. La première élue que je reçois, sur le principe de l’interview, mais avec un format dédié aux politiques (”l’élu du coin”) est Émeline Baume, 1ère vice-présidente de la Métropole. Une occasion pour les nostalgiques de voir en vrai le premier lieu qui servait de studio pour nos contenus.

Quand l’interview devient entretien

Le cadre a progressivement changé pour trouver un peu de “décorum” afin d’alimenter nos sujets. Car fur et à mesure que les enjeux politiques et sociaux prenaient de l’ampleur, ce format ne suffisait plus. Il fallait offrir davantage de profondeur aux discussions et permettre aux invités de déployer pleinement leur réflexion. Pour donner plus de possibilités de “cadre” et une identité visuelle, on tourne nos portraits et entretiens désormais au même endroit.

On se déplace alors sur site et nos 2 premiers formats extérieurs avec des politiques donnent le ton : Avec Pierre Oliver qui nous reçoit dans sa mairie ou George Kepenékian, ancien maire de Lyon qui nous accueille chez lui, dans son salon.

C’est dans cette optique qu’a émergé “Le Grand Entretien”, une formule qui a permis de franchir une étape décisive dans la manière de concevoir l’interview. Ce nouveau format, plus long et plus flexible, a offert aux invités un espace où ils pouvaient explorer des sujets complexes sans les contraintes d’un temps trop limité. Les spectateurs ont ainsi pu bénéficier d’échanges plus détaillés et nuancés, avec une perspective enrichie sur les enjeux locaux et nationaux.

On rencontre ainsi par exemple Alexandra Mathiolon du grouse Serfim sur ses enjeux RSE, mais aussi Maxime Thomas le champion paralympique de Ping-pong. Ce passage à un modèle plus global a aussi permis de renouveler l’intérêt du public pour ces interviews, en captant mieux les subtilités des débats et en permettant aux invités de prendre le temps de défendre leur vision.

Quand la rencontre s’invite sur le terrain

En recevant non seulement des élus, mais aussi des représentants d’associations et des acteurs de la société civile, le média a ouvert son plateau à une diversité de profils jusque-là sous-représentés. Ce changement de cap a permis d’enrichir le discours, tout en donnant une voix à ceux qui travaillent au plus près des citoyens.

Mais la véritable innovation réside dans sa volonté d’aller plus loin que les entretiens traditionnels en studio. L’équipe a fait le choix audacieux de se déplacer sur le terrain, là où les acteurs du changement œuvrent au quotidien. Cette immersion au cœur de l’action a transformé le rapport entre journalistes, invités et spectateurs.

En allant à la rencontre des invités directement dans leur environnement – qu’il s’agisse de leur lieu de travail, d’un centre associatif ou d’une collectivité – les interviews ont gagné en spontanéité et en authenticité. Ce nouveau cadre a permis de capter des échanges plus vivants, plus ancrés dans la réalité concrète des enjeux locaux, tout en humanisant les protagonistes. Je pense par exemple a de belles réalisations avec

Nicolas Gagneux ou Laurent Fiard…pour le monde de l’entreprise, mais aussi Bernard Devert, emblématique président de Habitat et Humanisme

Le tournant de l’entretien engagé

Dans le choix des invités, progressivement la ligne s’accentue et s’engage vers les enjeux et réponses concrètes aux transitions

Je pense notamment aux rencontres avec Ronalpia, mais aussi celle avec le chef de maison d’une maison Simon de Cyrène. Je me souviens d’une diffusion autour des enjeux de l’ESS avec Armand Rosenberg ou encore les explications de Gilles Vanderpotten de Reporter d’espoir pour mieux cerner le journalisme de solution. Au sein de l’After hall, qui désormais héberge le siège du média on parle avec nos invités de l’écoanxiété, ou des PFAS

Pour aller encore plus loin dans cette volonté de créer des échanges authentiques, le média lance le podcast “Demain.”. Ce format intime, enregistré dans des lieux associatifs emblématiques ou chez des entreprises partenaires, propose des entretiens d’une heure environ axés sur le parcours personnel et le déclic de l’engagement de l’invité. L’idée est de plonger au cœur de l’intimité des acteurs du changement, pour mieux comprendre ce qui les anime, dans un cadre détendu et propice à la réflexion. Un temps qui offre une nouvelle manière de rencontrer des personnalités engagées, en leur permettant de s’exprimer librement sur leurs motivations profondes, et sur les moments clés qui ont marqué leur parcours.

Avec “Demain.“, le média renforce sa capacité à capturer l’essence de l’engagement, tout en créant un lien privilégié entre les invités et les auditeurs. Mais nous aurons l’occasion d’y revenir en détails dans un nouvel article à suivre…