Voici un article un peu particulier. C’est en effet en partant de la retranscription intégrale d’une chronique radio que nous avons souhaité vous parler de ce qui fait notre quotidien à la rédaction : le choix des sujets et la manière de les traiter autour et avec les principes du “journalisme de solution“.
En effet, le 20 septembre 2023 marque le début d’un partenariat dont nous sommes très honorés avec RCF Lyon. Un média avec lequel nous partageons des valeurs humaines, de proximité, de solidarité également et l’attachement au territoire du Grand Lyon. Notre ligne éditoriale “rendre visible l’essentiel” fait écho dans notre société troublée et complexe avec celle de la radio. Nos formats, le son et la voix se complètent et donnent du sens et de l’émotion aux témoignages et images que nous présentons. C’est de ces discussions riches et authentiques qu’est née l’idée de cette chronique mensuelle que vous retrouvez sur les ondes de RCF Lyon dans l’émission M comme Midi. Une “chronique positive et inspirante” dans laquelle vous retrouverez les “coups de coeur” de la rédaction et les belles histoires de celles et ceux qui s’engagent sur notre territoire et donnent envie de s’engager !
Bonjour Frédéric. Pourriez-vous, pour commencer nous présenter ce Média qu’est Lyon Positif ?
Bonjour Anais, merci de votre invitation et bonjour à toutes et à tous. Alors en quelques mots, c’est un jeune média (qui va fêter ses 3 ans), qui couvre territoire lyonnais élargi et qui est reconnu aujourd’hui comme le média des acteurs engagés dans les transitions. Notre objectif est de mettre en avant celles et ceux qui agissent au quotidien, qui font des choses inspirantes pour faire face aux transitions. C’est un peu le média des récits locaux à impact positifs. C’est un média local, gratuit, collaboratif, construit autour d’une ligne éditoriale très simple : « rendre visible l’essentiel ». Si je devais résumer, je dirai que c’est facile de s’y retrouver car : « tout ce qui est positif à Lyon est sur Lyon Positif ».
Très bien. Mais si on veut aller un peu plus loin, qu’est-ce que c’est pour vous qu’un « média positif » ?
Un média positif soyons clairs tout de suite cela ne veut pas dire que l’on y trouve que des bonnes nouvelles et que l’ensemble de la rédaction pense qu’elle vit dans le monde des bisounours ou que l’on n’est pas lucide sur la réalité du monde. Évidemment positif, c’est ce qui suscite de l’optimisme, de l’espoir, de l’engagement. C’est aussi, et c’est d’ailleurs la définition première de tout ce qui repose sur une réalité qui ne peut être mise en doute. Au-delà des mots j’ai l’impression que c’est d’abord un choix. Celui d’une certaine vision du monde. Un filtre, un état d’esprit qui nous fait regarder les choses de manière positive ou trouver des choses positives et des raisons d’espérer malgré la difficulté et la complexité de la vie.
Nous, ce qui nous intéresse particulièrement en tant que média c’est un peu tout cela mais c’est également une manière de travailler. Car souvent dans le monde de la presse positif est synonyme de constructif. Et, quand on parle d’un média constructif, on parle en fait de ce que l’on appelle le journalisme de solution. Ce que les étudiants en journalisme appellent entre eux le « JOSO ».
Est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus sur ce journalisme de solution ? D’où il vient ? Comment il est né ? Comment cela fonctionne concrètement ?
D’abord et c’est important de le dire, c’est toujours et avant tout du journalisme. Ce n’est pas du « story telling » ou de la communication. Ce n’est pas juste de belles histoires que l’on se raconte. Ce n’est pas simplement raconter la vie de «super-héros » du quotidien en regardant de loin et de sa seule fenêtre le monde avec un filtre tout rose. C’est bien une nouvelle approche du journalisme dans laquelle on va traiter de vrais sujets, pour résoudre de vraies problématiques, auxquelles on va apporter des réponses concrètes et claires.
On travaille sur des faits, sur de l’évaluation transparente et des constats, on vérifie nos sources, bref on est lucide et réaliste mais on se dit qu’il y a peut-être quelque chose dans la manière d’aborder le sujet qui peut donner envie d’être reproduit ou d’être modélisé. Autrement dit, on expose un problème mais en donnant des perspectives de solution et ce qui en fait un formidable levier de changement. Au final je dirais que c’est une éthique journalistique matinée d’une approche humaniste. C’est aussi évidemment un état d’esprit, l’envie de croire en l’être humain et en la nature humaine. C’est enfin le souhait d’apporter une forme de rééquilibrage, dans un contexte médiatique, dans lequel, on le sait bien, il est compliqué d’apporter de la nuance.
Faire changer de regard, apporter une autre vision des choses, pourquoi c’est si important aujourd’hui ?
On n’a hélas pas besoin d’aller chercher bien loin la crise, la tristesse, le drame. Aujourd’hui le monde est à la fois compliqué et complexe. Nous avons connu et connaitront beaucoup de crises, de tout type. Notre société est dure, bousculée, la vie humaine chahutée. Nous sommes aujourd’hui face à des urgences, aussi bien environnementales, climatiques mais aussi sociétales. Il faut donc clairement accélérer les transformations et transitions nécessaires. Et pour pouvoir vraiment accélérer, il est nécessaire d’embarquer le plus grand nombre. Il faut expliquer pourquoi et en faire le récit.
Nous avons besoin de raconter une belle histoire. C’est-à-dire qu’il faut faire en sorte que l’audience, ceux qui vous écoutent et qui nous écoutent aient de nouveau, envie de croire aux médias, de se dire qu’il y a des possibilités d’agir et prendre pleinement sa place dans cette aventure. On a beaucoup vu et entendu, justement sur ces sujets d’urgence climatique, des approches trop catastrophistes entrainant des discours culpabilisants. Pourtant on sait depuis longtemps déjà que cela ne marche pas. En fait, la peur paralyse alors que l’espoir mobilise.
Donc aujourd’hui la logique que l’on poursuit, c’est de se dire et de dire à ceux qui veulent s’engager que c’est possible. Car pour s’engager pleinement, dans la durée, il faut y croire, il faut que chacun puisse se dire, que cela sert à quelque chose et qu’il va pouvoir le faire. Renouer avec un bon fonctionnement démocratique, renouer le lien sociétal, préparer demain, c’est également avoir des médias ouverts qui permettent de raconter l’histoire dont on a besoin aujourd’hui.
Pour finir, est ce que vous pouvez nous donner des exemples d’émissions ou de formats qui éclaireront concrètement nos auditeurs ?
Depuis quelques années et évidemment dans une forme d’accélération post covid, il y a de nombreux médias indépendants qui se sont créés sur cette base. Au sein de médias plus installés, plus traditionnels, des formats spécifiques, des émissions sont apparus, dans cette logique de journalisme de solution qui s’est développé en France, il y a une quinzaine d’années grâce à une association : Reporters d’Espoir. Il suffit donc de se rendre sur le site reportersdespoir.org pour découvrir ce que c’est.
Pour trouver d’autres exemples de médias qui font ça, nous n’avons pas besoin d’aller très loin. Sur RCF Lyon, par exemple, il y a “Comme une planète” qui est tout à fait dans cet état d’esprit, avec un travail de pédagogie et le souhait affiché de traiter de problématiques réelles, tout en montrant ce que l’on peut faire, ce qui fonctionne mais également les limites parfois des initiatives exposées. À Lyon vos auditeurs connaissent certainement, “Anciela“, ce magazine mensuel, tourné vers l’action et qui propose l’inspiration à travers de belles initiatives.
Au niveau des médias nationaux, on peut citer un format de référence comme “Esprit d’initiative” sur France Inter. Autant de récits du quotidien qui tous nous disent la même chose : il est encore temps et il est encore possible de faire.