Une Métropole verte et durable cela ressemble à quoi ?

Voilà la question que nous avons posée, sous différentes formes, lors de notre entretien exclusif, avec Bruno Bernard (en partenariat avec l’émission l’invité politique sur Lyon 1ère). Une “interview filmée” dans son bureau (et c’est une première) pour une petite heure d’entretien : un “quasi-miracle” à caser dans son agenda. Accueillant et souriant, celui que l’on décrit souvent comme “le vert le plus puissant de France” ou encore “l’inconnu qui fait la pluie et le beau temps”, à pris le temps d’une conversation authentique, de plus en plus à l’aise avec cet exercice qu’il n’apprécie pourtant pas spécialement. Pour cette rentrée politique intense au niveau local comme au niveau national, on découvre un Bruno Bernard clairement en “pré-campagne”, sans nous le dire vraiment ou se l’avouer lui-même. Soucieux avant tout d’expliquer sans relâche les succès et avancées de cette “écologie du quotidien et des petits pas” qu’il a choisie comme feuille de route, il fait avec nous le tour des questions qui fâchent sans se départir de son flegme habituel et avec l’aisance tranquille de celui qui à la fois maîtrise ses dossiers tout en étant très au clair avec ses convictions. Le tout sans oublier de poser son regard affûté et expert de fin connaisseur de la carte électorale et des équilibres politiques, sur différents enjeux de politique nationale, l’avenir du NFP et les premiers pas du gouvernement Barnier.

Une mobilité apaisée, comme un leitmotiv pas encore pleinement compris

Aux manettes de cet “ovni institutionnel” unique en France et par ailleurs souvent contesté par les maires du territoire au nom du principe de subsidiarité et de l’insuffisance de représentation des communes en son sein, il a clairement pris ses marques et installé son style. Aujourd’hui encore, moins connu que le maire de Lyon parce que sans doute moins soucieux de sa propre communication, il sait qu’il dispose de pouvoirs et d’un impact bien supérieurs avec ses 9500 agents et ses quasiment 4 milliards de budget.

C’est évidemment à ces sujets de mobilité que l’actualité le ramène, que cela soit lors du conseil communautaire qui a eu lieu la veille de l’enregistrement ou sur le terrain, où on le croise d’ailleurs de plus en plus. Voies Lyonnaises et leur cohorte de travaux, application prochaine de la ZFE pour les critères 3, échanges tendus avec les maires de l’Ouest Lyonnais notamment sur la réalité des véritables alternatives de transports publics, les sujets n’ont pas manqué.

C’est également avec la casquette de président du Sytral, un choix symbolique fait au début de mandat, pour permettre aux 2 institutions de travailler en bonne harmonie, qu’il a répondu et détaillé les investissements et avancées majeures selon lui en termes de politique publique de mobilité. Soucieux dans son discours, et cela, depuis assez, récemment, d’apaisement dans les propos et la forme de son expression, il concède que ces moments de transition sont délicats, sources de désagréments, mais nécessaires et que le résultat sera bien à la hauteur des attentes.

Une manière aussi d’aider et de soutenir ses vice-présidents en charge des dossiers sensibles et de déminer les nouveaux sujets utilisés pas ses opposants, y compris par exemple sur les enjeux de sécurité du quotidien, dans les transports comme auprès des commerces. Des propos qu’il assume parfaitement, car pour lui, ce n’est clairement pas un sujet qui doit être abandonné à la droite.

Le souhait affiché de la pédagogie et du débat sans omettre aucun sujet

Une évidence, à chacune de ses réponses, notamment sur ces sujets polémiques et clivants autour de la piétonnisation de la presque île. Il a ainsi regretté les coups de communication et caricatures politiques faites pas ses opposants, regrettant que l’agora politique soit devenue une arène dans laquelle les élus, sont prêts à tous les raccourcis, pour emporter l’adhésion.

Ce souci des mots et de la réalité des choses était également visible sur des sujets sensibles en lien avec les compétences moins connues de la Métropole, comme celle de l’action sociale, institutionnellement attribuée aux départements. Ainsi, il a pris le temps de répondre point par point aux accusations de l’été selon laquelle la métropole aurait refusé de prendre en charge des bébés, les laissant ainsi à la rue.

Même prudence par exemple également sur les difficultés budgétaires de la métropole et la soi-disant demande faite aux services de réduire de 15 % environ les dépenses, un souci d’expliquer et d’argumenter qui ne cache pas les difficultés financières auxquelles est confrontée l’institution, qu’il pose comme une nécessité du renouveau démocratique. Estimant ainsi que “les élus peuvent être en désaccord, mais cela doit se faire dans la dignité et le débat citoyen, en éclairant les électeurs sur la réalité et les conséquences des choix qu’ils feront”.

Le pari audacieux de “la preuve par l’exemple”

Que cela soit sur le plan nature, la re végétalisation, les investissements, cet entretien raconte également une méthode et une conviction. Une méthode d’un plan concret et précis qu’’il déroule par étapes, car après tout, c’est pour cela que sa majorité a été élue.

Une conviction qui lui fait penser que les résultats, les avancées concrètes, suffiront à éclairer et à convaincre les habitants de la justesse des actions menées. Une vision-là encore différente dans l’esprit de celle de la ville de Lyon par exemple, très tournée vers les grands récits, les nouveaux imaginaires, avec comme point d’arrivée notamment le fait de rendre désirable la ville climatiquement neutre à l’horizon 2030.

À la question de sa candidature, il répond comme toujours que ce n’est pas encore le moment, tout en reconnaissant que cela se précise et que la précampagne s’il en juge par l’agitation des opposants a bien commencé.

En espérant certainement au fond de lui, que l’agenda sera de son côté et que, au moment de mettre leur bulletin dans l’urne, les réalisations se verront vraiment et correspondront aux promesses nombreuses et aux attentes réelles d’une population dont la sociologie comme les humeurs ne cesse de changer.