Les enjeux environnementaux, nous les entendons au quotidien, à la télévision, à la radio, dans les médias. Pourtant, ces problématiques, souvent perçues comme “ennuyeuses”, ne sont pas encore bien comprises, ni suffisamment questionnées quant à leur impact réel. Pour parler différemment d’écologie à des publics qui ont tendance à s’en détourner, nous avons suivi Tanguy Magnon-Pujo, concepteur et accompagnateur à la création de jeux, pour faire tester aux lyonnaises et lyonnais, son jeu “sensibilicarte”. Une approche plus ludique pour aborder le tourisme durable, l’une des nombreuses problématiques sociales et environnementales explorées par ce jeu.
Quand le jeu réinvente le tourisme durable
Prendre une photo à l’autre bout du monde pour alimenter son profil Instagram peut sembler anodin, mais des millions de personnes voyagent pour capturer cette même image, valorisant ainsi une vie idéalisée aux yeux des autres internautes. Tanguy connaît bien ces enjeux, ayant travaillé longtemps dans le tourisme. Cependant, en observant l’impact de cette “industrie” sur les populations locales et l’environnement, il a perdu son goût pour le voyage.
Passionné par les jeux depuis son enfance, il décide de lier son amour du jeu et du voyage aux problématiques environnementales et sociales qu’il a choisi de confronter. De retour à Lyon, il se lance dans l’entrepreneuriat et conçoit un jeu sur cette première thématique, qui n’est que le début d’une longue liste (mode éthique, handicap, etc.). À la croisée entre fresques de sensibilisation et jeux de rôle, l’idée est de comprendre de manière ludique les différents acteurs de cette industrie et leurs obstacles pour appréhender globalement son impact selon les principes du développement durable, qui conjugue écologie, social et économie.
Pendant deux heures de jeu, Tanguy aborde des phénomènes tels que le “dark tourisme”, défini comme le fait de visiter des lieux associés à la mort, à la souffrance et au macabre, engendrant un tourisme de masse, comme en 2018 à Auschwitz où les touristes ont dépassé le cap des deux millions. Il évoque également la “Disneylandisation” de la planète, un concept où le tourisme transforme une partie du monde en un immense parc d’attractions. Ce concept, identifié par Sylvie Brunel dans son livre “Pour un tourisme responsable“, décrit ce Disneyland grandeur nature “où les geysers jaillissent à heures fixes, les centres-villes deviennent des décors de cinéma, et les îles “désertes” ainsi que les forêts “sauvages” sont aménagées pour jouer les Robinson ou les Tarzan”.
Tanguy a déjà testé ce jeu plusieurs fois auprès de ses étudiants en tourisme et dans d’autres filières. Il souhaite maintenant le proposer à des professionnels du secteur pour améliorer leurs pratiques et ainsi changer les choses de l’intérieur et a d’ailleurs créé récemment sa société Ludopare, dans la conception de jeux pédagogiques.