L’AFEV grand Lyon, l’association qui lutte contre les inégalités éducatives dans les quartiers populaires de Lyon a organisé cette année, son café citoyen annuel sous forme de théâtre forum pour traiter la problématique du « sexisme ordinaire ». Un évènement en partenariat avec l’Ucly et la compagnie du Gai savoir avec pour public les élèves de 4e du collège Mermoz.
Un forum théâtre pour comprendre ce qu’est le sexisme
Assis sur leurs chaises, des élèves de 13 et 14 ans du collège Mermoz patientent, avec face à eux, un décor planté. Plusieurs scènes de la vie quotidienne sont jouées par deux comédiens de la Compagnie du Gai Savoir, allant des propos sexistes au sein d’un couple à de la discrimination durant un entretien d’embauche. Des scénarios censés choquer le jeune public afin de leur expliquer avec des mots simples, ce qu’est le sexisme, en quoi il est problématique et comment y répondre.
“Une jolie fille comme vous ne devrait pas attendre toute seule son bus”. Les deux comédiens jouent une scène de harcèlement morale dans un bus. À la fin, un des comédiens se tourne vers son jeune auditoire : “Ce sont des techniques de dragues”, lance un élève. Une fois la température prise, les scènes s’enchainent : sexisme dans le couple, discrimination lors d’un entretien d’embauche, mise à mal de la masculinité etc. Au fil des scènes, les enfants commencent à comprendre. Des visages choqués apparaissent, des soupirs sont lâchés, une prise de conscience émerge. Ce n’est pas parce qu’ils ont déjà vécu ces scènes qu’elles sont acceptables et normales. Dès la deuxième scène, les échanges entre élèves et comédiens se construisent.
“Même si cette situation vous semble habituelle, est-ce que vous trouvez que cette femme rabaissée a l’air heureuse ?”
Ana Diener, comédienne au sein de la Compagnie du Gai savoir
Il n’y a pas que les comédiens qui jouent, les élèves de 12 à 13 ans, doivent eux aussi imaginer et jouer une situation alternative. Se rendre compte de ce qui est sexiste et ce qui ne l’est pas n’est alors pas une évidence. Une élève a par exemple joué le rôle d’une femme en recherche d’emploi pour un poste de commerciale, devant une employeuse avec des exigences vestimentaires sexistes : jupe obligatoire.
“ Je dois mettre une jupe ? Mais, c’est pour être commerciale ou pour aller danser “. Le message infuse. En jouant, les élèves commencent à comprendre l’incohérence de certains propos sexistes. Ce n’est pas en une matinée, que tous ces jeunes vont ouvrir les yeux. C’est un travail long qui nécessite une prise de conscience comme l’offre ces ateliers théâtre.
« Le but est de semer des petites graines dans la tête des enfants »
Eleonore Delfosse, chargée de développement local à l’AFEV
L’AFEV Grand Lyon
Dans le cadre du dispositif national des Cordées de la réussite, l’AFEV mène le programme Démocampus. Ces ateliers cherchent à donner de l’aspiration aux jeunes de la primaire au collège en leur faisant découvrir des métiers qu’ils ne connaissent pas. Le tout en préparant leurs aptitudes pour la réussite de leurs études. Un programme qui pousse cette association à intervenir dans les établissements scolaires et dont ils profitent pour traiter de problématiques actuelles telles que cette année le « sexisme ordinaire ».